WOLFI JAZZ 2025 : TOUR DU MONDE EN MUSIQUE !

lundi 30 juin 2025

Quinze ans que le Wolfi Jazz s’invite dans les Douves et sur l’Esplanade du Fort Kléber de Wolfisheim, lieu chargé d’histoire devenu, l’espace de cinq jours, territoire sonore mouvant. Quinze ans que le jazz, dans toutes ses déclinaisons, se frotte aux musiques du monde, aux courants funk, soul ou rock, avec cette volonté constante : proposer des formes accessibles sans renoncer à l’exigence.
Cette année, le festival fêtait doublement : ses 15 ans, et les 150 ans du Fort. L’occasion d’une édition à la fois ancrée et audacieuse, où cohabitent artistes de renom, nouvelles voix de la scène jazz actuelle et expériences plus inattendues – comme le Championnat du Monde du Cri du Paon (alsacien).

UNE ÉDITION LUMINEUSE, VOLONTARISTE AUX SUCCÈS INÉGAUX
Que de sourires du public lors de cette édition ! Chaque soirée et même chaque concert a trouvé son public. Un public ravi de la richesse de la programmation et des prestations hors normes proposées par les musiciens. Pourtant côté budgétaire, le bilan reste sans doute plus à nuancer. La fréquentation est en baisse par rapport à l’édition 2024 sur les soirées payantes. Si Thomas Dutronc a rempli l’Esplanade avec sa formidable équipe de musiciens et musiciennes, d’autres propositions plus pointues, comme celle du "Mozart cubain" Chucho Valdés, ont peiné à attirer un public suffisant pour atteindre l’équilibre.
Il faut dire que l’édition 2024, avec Meute en tête d’affiche et un record de fréquentation avec 2400 spectateurs le soir de leur passage, affichait un casting plus immédiatement rassembleur – plus festif, plus “évident” en termes d’appel public. En 2025, nous avons replacé le curseur : une programmation revenue aux fondamentaux des musiques afro-américaines sans doute plus exigeante, plus ouverte sur des formes hybrides, et, en corollaire, plus risquée face à un public qu’il faut parfois accompagner pour pouvoir en apprécier l’incroyable richesse.

CE QUI A MARQUÉ
Au-delà des chiffres, certains soirs ont fait mouche. Le samedi, notamment, a offert un véritable crescendo : [Na] et Sarab ont ouvert le bal dans les Douves, installant d’emblée une densité sonore et émotionnelle, Tigran Hamasyan, en équilibre entre lyrisme et chaos, a conquis l’Esplanade, puis place à la fête avec Cimafunk et Gallowstreet, machines à danser au groove imparable. Ce mélange de tension et de lâcher-prise, c’est aussi ça, l’ADN du Wolfi.
Et puis il y a les à-côtés, qui comptent. Le Village des P’tits Loups, d’abord, toujours plein dès l’ouverture, avec ses jeux en bois, ses paillettes et ses poneys. La Matinée des Scolaires ensuite, qui a réuni 800 enfants venus des écoles de Wolfisheim et des communes voisines pour le spectacle des Weepers Circus. Et les Wolfi Sessions, enfin : ces parenthèses acoustiques filmées dans les recoins du Fort, dont celle de Robert Finley, publiée pendant le festival, a rencontré un beau succès sur les réseaux sociaux.
Sans oublier le très commenté Championnat du Cri du Paon, ovni réjouissant qui a déclenché autant de rires que de discussions – preuve que l’absurde bien dosé a toute sa place dans l’identité du festival. Une vie autour des concerts qui donne corps à l’ambiance Wolfi : conviviale, intergénérationnelle et à taille humaine.

PROGRAMMATION : UNE CARTE DU MONDE
Qu’ils viennent de Strasbourg ou de La Havane, du Bénin ou d’Obernai, les artistes de cette édition 2025 ont affirmé une diversité musicale sans équivoque. Du jazz manouche de Thomas Dutronc à l’afro-jazz d’Angélique Kidjo, en passant par le blues magnétique de Robert Finley ou la néo-soul de Maë Defays, la programmation a revendiqué un jazz perméable, qui s’écoute autant qu’il se danse.

PERSPECTIVES
Le défi reste entier : maintenir un équilibre entre ambition artistique et réalité économique. Dans un contexte global où le secteur culturel doit faire face à des coupes budgétaires récurrentes, la pression sur les festivals ne cesse de croître. Parallèlement, les habitudes du public évoluent : les attentes en matière de formats, de contenus et d’expérience live se diversifient.
Sur le budget du Wolfi Jazz, les subventions des collectivités et des sociétés civiles représentent cette année 15 % des recettes contre 20 % l’an dernier. La moyenne nationale de la part d'auto-financement sur ce type de festival ne dépasse pas 70%, or elle est de 85% pour le Wolfi Jazz, qui défend une ligne artistique exigeante, renforçant la fragilité de son modèle économique.
Dans ce paysage mouvant, le défi est double : continuer à proposer une programmation exigeante, ouverte sur le monde et fidèle à son ADN, tout en restant accessible et pertinente pour un public familial, urbain, festif, et alsacien. Le festival doit se réinventer sans trahir ses racines, créer de nouveaux formats, affiner ses dispositifs d’accueil, et renouer avec une communauté parfois distante.

Mais malgré ces vents contraires, l’envie reste intacte grâce à l’ardeur collective portée par les bénévoles : Wolfi Jazz est un rendez-vous où l’on découvre autant qu’on partage, un lieu où la musique se vit dans une convivialité authentique. Un festival qui, année après année, reste ancré dans le présent tout en scrutant l’avenir.

Le festival reviendra en juin 2026. Toujours à Wolfisheim. Et toujours avec cette énergie à la marge, fidèle à sa singularité !

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