Ellinoa est une artiste atypique qui captive par sa voix scintillante, ses improvisations habitées et la richesse de son univers. S’exprimant autant par sa voix que dans l'écriture, l’exploration musicale est au coeur de sa démarche artistique. Que ce soit à la tête du Wanderlust orchestra, orchestre de 15 musiciens et musiciennes, ou dans ses formations plus réduites, elle ne cesse de repousser ses limites en tant qu’interprète, improvisatrice et compositrice. Avide d'expériences, elle met aussi sa voix au service d'autres projets, en particulier Theorem of Joy et le sextet vocal Shades, et multiplie les collaborations au sein de la scène jazz actuelle. Cette ancienne de Sciences Po s'est formée au CMDL (l'école Didier Lockwood où elle enseigne aujourd'hui) et y a obtenu en 2015 un Prix d’Excellence ainsi qu'une mention spéciale du soliste. Lauréate Jazz en Baie 2014, Jazz en Ouche 2015, Prix de soliste Action Jazz 2017, elle s'enrichit d'expériences et de rencontres, ayant notamment partagé des moments sur scène et en studio avec Omar Sosa, Sixun, David Linx, Ben Wendel, Ben van Gelder, Carine Bonnefoy … En 2018 elle est sélectionnée parmi les 12 artistes « Génération Spedidam », promotion 2018-2021, un dispositif d’accompagnement de la Spedidam sur l’ensemble de ses projets. En 2019, elle participera, en tant que compositrice et chanteuse, à la 2nde création du nouvel ONJ (Orchestre National de Jazz) de Fréderic Maurin, intitulée « Rituels ».
Après avoir tourné 3 ans suite à un premier disque en sextet, « Old Fire » (2015), et en parallèle de la tournée à venir de son Wanderlust orchestra (disque sorti en 2018 : Révélation Jazz Magazine, Elu Citizen Jazz, Sélection Le Monde, prix de l’autoproduction Sacem…), Ellinoa créé aujourd’hui son nouveau projet, « Ophelia », recentré autour des voix et des cordes et coloré par l’usage d’effets sur les instruments et la voix. Cette formule en quartet développe une identité double, acoustique et électrique, folk mais expérimentale, intimiste et organique mais au son large et pénétrant. Sans sacrifier la subtilité des arrangements et des compositions qui sont la signature d'Ellinoa, elle met l'accent sur l'interaction, l’improvisation et l'écoute, emmenée par l'hyper-sensibilité de la chanteuse et de ses acolytes.
Le répertoire est fait entièrement de compositions. Il oscille entre douceur lancinante et éclats vivifiants, légèreté et profondeur, improvisation et parties orchestrées… « Ophelia » renvoie au personnage shakespearien, l’amoureuse éperdue d’Hamlet dont la vie finit tragiquement. C’est une femme fascinante, qui peut sembler mystérieuse et inquiétante au premier abord, mais qui reste dévouée et en quête d’absolu. Elle est indissociable de l’eau, qui finit par l’engloutir. Les thématiques de l’eau, du rêve, de l’abandon, du lâcher prise et de la fatalité, sont transversales dans les textes des compositions du projet et sont soulignées par ses partis pris de son. En effet, on part souvent d’une mélodie simple et entêtante, mais qui évolue sur des grincements harmoniques ou sonores nous faisant doucement quitter le réel. Dans le même ordre d’idée, le choix de se passer d’une batterie ou d’un instrument percussif participe beaucoup au son de groupe, mais n’empêche pas certaines compositions d’être particulièrement rythmées et ancrées dans le sol (claves impaires, ostinatos,…), à l’image des différentes formes plus ou moins cadencées et intenses que peut prendre l’eau. Enfin, la voix d’Ellinoa, claire, élastique, sinueuse, est à elle seule un ruisseau. A chaque improvisation, celui-ci se faufile et creuse son chemin, parvenant toujours à avancer, grandir, et finalement s’évanouir dans l’océan. Les notes de Paul Jarret effleurent la surface d’un étang et s’y ricochent en diffusant des ondes infinies. La contrebasse d’Arthur Henn et l’alto d’Olive Perrusson se font tour à tour gouttes et cascades…